Pour moi, les événements de 68 
ne furent pas ceux de tous les Français!

 

 
 

En effet, 1968, fut ma première rencontre avec Marcel de VILLEMOISSON.

Il faut dire que le personnage était séduisant, l'œil vif, le cheveu noir de geai, abondant et brillant, la moustache "à la Errol Flynn".

Mais, au-delà de l'aspect physique, il émanait de son personnage une véritable bonté, une joie de vivre, une soif de découverte.

Pour moi, le temps de la morosité et du chagrin sera à tout jamais terminé…

Au début de notre rencontre, Marcel de VILLEMOISSON s'adonnait avec talent à la photographie. Les clichés étaient de qualité, le cadrage parfait, les sujets même les plus banaux ne manquaient pas d'intérêt. Malgré toute sa passion pour l'art, il consacrait le plus clair de son temps à ses activités professionnelles, pensant que plus tard il pourrait reprendre ses crayons et pinceaux, à l'abri du besoin.

Jusqu'à notre rencontre, il avait sillonné la France en tous sens, se permettant quelques incursions dans les pays limitrophes.

Mais, sa soif de rencontrer les autres, de pouvoir communiquer, d'échanger lui a très vite donné l'envie d'aller bien au-delà de la France.

En 1973, premier voyage, un saut de puce, l'Algérie. Notre arrivée dans la ville de Tamanraseet, est un dépaysement complet. Cette lumière rasante le soir au coucher du soleil, ces hommes majestueux, les Touaregs, la visite du Hoggar paysage lunaire. Et, chaque année, l'envie de repartir, d'échanger, de rencontrer, alors… Cuba, les Indes du Sud, le Kenya, la Tanzanie, plus près de nous le Danemark, la Bavière, l'Italie en tous sens.

Lors de tous ces voyages, le photographe Marcel de VILLEMOISSON peut se consacrer pleinement à sa passion. Malgré tout, l'envie de peindre et dessiner, à nouveau, fait son chemin.

En 1977, il décide de reprendre les pinceaux, mais il ne laisse rien au hasard, retourne à l'académie, rencontre déterminante avec son Maître, Paul MARCOU. Celui-ci lui fait découvrir la technique de l'aquarelle et lui enseigne l'histoire de l'art.

Paul MARCOU voit certainement en Marcel de VILLEMOISSON une valeur sûre, car il n'hésite pas, après deux années d'étude auprès de lui, à le faire exposer en province. 

C'est lors de l'une de ces expositions qu'il aura une deuxième grande chance, celle de rencontrer le Peintre Harry SEGUELA, alors commissaire du Salon d'Automne, au Grand Palais à Paris. Sans quitter les cours de Paul MARCOU, VILLEMOISSON ira régulièrement dans l'atelier d'Harry, à la Thébaïde, au Vigan, pour se perfectionner dans la technique de l'huile. Harry SEGUELA l'encourage à exposer dans les salons officiels à Paris et à l'étranger. Ce dernier, lui aussi, fera gagner des années à cet élève modèle.

Mais Marcel de VILLEMOISSON ne s'arrêtera pas là dans ses études, il veut tout connaître et fait des études de graveur et de lithographe. Il aime tout cet éventail artistique, mais ce qu'il préfère le mieux, c'est le dessin.

Lors de son voyage au Sénégal en 1986, il renoue avec les anciens, créant ses carnets de voyage. Chaque année, il visite un pays, plus ou moins éloigné : le Mexique - l'Égypte _ la Grèce _ Malte - l'U.R.S.S, (car à cette époque c'est encore l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques), il découvre la beauté de l'Asie centrale : Samarkand, Boukara, Bakou, Tachkent. Quelques années plus tard, il y retournera, mais, là, fera une croisière sur la Néva. Tous ces pays visités l'enchanteront et l'inspireront en lui permettant de compléter sa collection de carnets de voyage, esquisses de quelques minutes exécutées à l'encre de chine. Mais il est surtout amoureux du continent asiatique, il ira cinq fois en Chine, mais, pour lui, avec les années, ce pays devient trop moderne, moins artistique, alors il va à la rencontre du Viêt-Nam. Ce pays le passionne, les gens, les monuments, les échanges, toujours les échanges : il fera quatre séjours dans ce pays. Mais le Viêt-Nam, ce pays qu'il a connu avec des paniers en osier, des petits bancs en bois, devient trop industrialisé. Il est heureux pour ces Vietnamiens qui ont tant souffert, mais l'artiste n'y trouve plus son compte; alors il va au Laos, en Thaïlande. Malgré l'énorme effort fait en Thaïlande pour le tourisme, il arrive à s'échapper du circuit ordinaire et trouver un intérêt artistique dans ce pays.

Pas du tout essoufflé, il décide de porter ses pas dans un pays qui lui semble artistiquement intéressant : la Birmanie et, là, c'est la révélation. Ce pays regorge d'intérêts, la population est comme toute la population de ce continent, gentille, aimant le contact, amoureuse de l'art. Il a trouvé dans ce pays ce qu'il cherchait, l'échange, particulièrement avec les minorités du nord, dans ces montagnes escarpées et isolées, où il faut plusieurs heures de marche pour les découvrir. Il s'y fait des amis et, depuis quelques années, y retourne. À chaque fois c'est une source inépuisable de sujet pour ses illustrations et tableaux…


Danielle BLIN



novembre 2009 - Marcel de VILLEMOISSON - Numéro Spécial
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